vendredi 12 septembre 2014


11 septembre 2014


Bien sûr...

Le monde a-t-il changé ? A-t-il changé de lui-même, naturellement, de par les interactions spontanées qui se mouvaient en lui ? Ou s’est-il transformé à coup de spin et de réécriture de l’histoire et de notre propre perception du monde, de la race humaine ou de nous-mêmes ?

« Free your mind ». Tel est le titre d’une vidéo sur YouTube (si quelque chose a changé …) qui montre Jupiter et le ciel qui l’entoure, en stopmotion le temps d’une nuit. Le message : comprenons que c’est la terre qui tourne comme un carrousel, nous montrant coup d’œil après coup d’œil un bout d’univers puis un autre. Voilà la réalité. Perdu dans 27 milliards d’années lumières d’espace connu (c’est un bien grand mot, il est plus inconnu que connu mais au moins on en a pris une mesure qui semble défendable, on verra …).

Pourtant, on contestera qu’il s’agit de la réalité, invoquant les réalités multiples, les univers parallèles ou je ne sais quoi d’autre. La réalité partagée et unique, celle que nous vivrions collectivement, génération après génération, base épistémologique de la science occidentale (la réalité objective existerait, est observable et répond à des lois qu’on peut trouver et comprendre), ne serait qu’une illusion. Ça peut sembler de la pensée d’avant-garde au milieu d’une soirée branchée (celles qui se terminent toujours de la même foutue manière …), mais en fait c’est une conception vieille comme le monde, bien ancrée dans la pensée orientale. Les occidentaux (brutaux, cartésiens et béats), dans leur perception (naïve et prétentieuse diront certains) d’un « ordre dans le monde » (voulu par un Créateur, ce fut longtemps le consensus …), se trouvaient naturellement à l’aise dans un univers à découvrir (voire à dominer), compréhensible si on s’y met. Et on s’y est mis.

Et Boole (système binaire) et Gutenberg (automatiser la production de contenu conceptuel) se sont mis à collaborer, à des siècles de distance, pour que j’en vienne à écrire ces mots sur un clavier avec pour résultat (réel il me semble) qu’ils se retrouvent accessibles (et compréhensibles je crois) par n’importe qui sur la planète. Car il y a des chinois et même des anglais qui comprennent le français, imaginez! et sinon, il y Google ou je ne sais quoi d’autre qui vous offrira une traduction automatique (et parfois bien rigolote, ça vaut l’expérience) de mes ruminations.

Et si la réalité objective et commune n’existe pas, qu’est-ce que je fais à écrire et que faites-vous à me lire, voulez-vous bien me le dire !? Whatever !

“Schizophrenia (/ˌskɪtsɵˈfrɛniə/ or /ˌskɪtsɵˈfriːniə/) is a mental disorder often characterized by abnormal social behavior and failure to recognize what is real. Common symptoms include false beliefs, unclear or confused thinking, auditory hallucinations, reduced social engagement and emotional expression, and inactivity. Diagnosis is based on observed behavior and the person's reported experiences.”

Merci Wikipedia ... autre manifestation en soi de ce présupposé que la réalité connaissable existe et que puisque nous partageons l’expérience d’une réalité commune il vaut la peine de communiquer la connaissance et la perception que nous en avons puisque qu’il s’agit d’un même objet (la réalité) et que nous pouvons nous partager l’entreprise de l’explorer, voire de la soumettre à nos aspirations collectives.

Et revoilà Françoise David, fille de riche s’il en est, qui n’a jamais mais jamais connu vraiment ce qu’est la disette, qui vient nous prêcher comme dans le Métropolis de Fritz Lang, qu’un avenir meilleur attend les masses laborieuses et que ça vaut la peine de lutter ensemble pour l’égalité pour partager, ensemble, une … nouvelle réalité. Celle, l’utopie QS, qu’elle voit dans sa tête, quand elle marche paisiblement dans la vaste nature qui entoure sa résidence secondaire dans le Nord de Montréal. Que de beaux rêves, que de méritoires soupirs produits avec les meilleures intentions du monde, ce serait digne d’un bon paquet d’indulgences.

À se demander parfois s’il s’est réellement passé quelque chose depuis le moyen-âge. C’est dire que le 11 septembre 2001 aura du chemin à faire pour changer vraiment notre société ou notre vision des choses. Mais encore une fois, l’utopie égalitaire (et ce n’est pas péjoratif) affronte le monde, rassurant pour certains, d’un totalitarisme où le désir d’efficacité et de sécurité collabore idiotement à la construction de dictatures. Le portes-tu ton casque de vélo, le prends-tu l’autobus écolo anti-changements climatiques (quelle farce monumentale !) ?

Dans le fond, vous commencez déjà à vous demander ce que vous mangerez pour dîner ou pour déjeuner demain. Vous posez un geste banal pour ne plus avoir trop chaud ou trop froid ou vous débarrasser d’un inconfort quelconque. Si vous avez des enfants, ils ne sont jamais loin de vos préoccupations et même s’ils ont 40 ans leur moindre soupir ou gémissement vous interpelle et vous engage. Vous souffrez de l’indifférence, voire de l’antagonisme de Pierre, Jean, Jacques ou Jacqueline, qui déforment vos propos, bloquent vos aspirations, vous refusent la reconnaissance légitime, que vous ayez ou non réussi à obtenir la clef de cette fameuse bicoque ou de cette BM dont vous parliez depuis un bail … et dont certains, qui ont la certitude d’être influents, croient qu’ils sont un privilège qu’on peut toujours vous enlever si vous ne jouez pas leur jeu. Rien n’est à vous, tout est à vous. Vous dépendez de tout le monde et tout le monde dépend de vous.

Réalité. En pleine face. Juste là.

3000 morts c’est beaucoup. Beaucoup de souffrance. Beaucoup de questionnement. Beaucoup de potentiel aussi, à manipuler comme dans « A date which will live in infamy… ». Le potentiel d’un coup de pied au cul qui va finir par faire bouger un groupe, un peuple, une nation que d’autres arguments n’avaient pas suffi à convaincre de mettre l’épaule à la roue, de changer ses perceptions, de changer.

« Never let a good crisis go to waste ! »

Oui, mais pour changer vraiment le monde, ça prend bien plus que cela.