dimanche 14 décembre 2014

Incroyable Noël!

 2014-12-12

Je réalise que pour plusieurs générations de Québécois, les moins de 40 ans je dirais, la fête de Noël constitue une étrange période. L’impact social de Noël au Québec est assez impressionnant et même dans l’ensemble du monde il est plus que notable. Géographiquement, Noël, comme phénomène, est en expansion. Je sais qu’on accueillera ma dernière remarque avec une incrédulité assurée. Pourtant, vérifiez, c’est vrai. La quantité de gens qui connaissent la période de Noël et qui en sont affectés ou en tiennent compte n’a jamais été aussi grande au niveau planétaire. Bon sang, nos décorations proviennent toutes de la Chine, quasi! Plus d’un milliard d’humains pour qui Noël n’avait aucun sens savent désormais, au moins, qu’il s’agit d’une fête importante au point de faire des dépenses particulières durant cette période.

Dire que Noël est surtout une fête commerciale c’est, en fait, irrémédiablement, reconnaître son importance globale. Il y a un gros marché parce que les gens veulent souligner et vivre cette célébration, telle qu’on la présente et la conçoit, peu importe son origine. Noël est donc un “hit” magistral. 

Cette élite suffisante que je vise souvent par mes propos, déteste Noël, celui de la masse, celui qui est vécu en réalité. L’esprit de Noël les énerve. Cet espèce d’enchantement irrationnel qui voudrait prétendre que tout ira bien en bout de ligne, qu’une fin heureuse attend chacun et que la grande fraternité humaine pourrait exister, a le don de les mettre hors d’eux-mêmes. Et la réplique mièvre attirera l’attention sur les «méfaits » de Noël : les suicides, les athées (et les diètes) bafoués dans leurs droits inaliénables et les psychoses utopistes d’un Kris Kringle. Noël est dangereux, non ?!

Mais, revenons aux moins de 40 ans au Québec. Ils voient leurs parents, les ainés en général et la société, voire le monde parce qu’ils vivent à l’heure planétaire, vivre presque un mois de délire collectif croissant. On se prépare, on pense aux cadeaux des petits, au réveillon et autres parties de bureaux (qui sont constamment menacés de censure …), comme si c’était évident. C’est Noël. Mais voilà, pour les moins de 40 ans, rien n’est évident et l’engouement même sur Internet pour cette étrange période ne peut être que suspect ou incohérent. Ils ont raison.

En effet, si on essaie d’objectiver un brin et surtout de se mettre dans leurs souliers, cet émoi, cette quasi transe collective devraient avoir un motif explicite, une cause. Or, cette cause est éludée, niée pratiquement. On reconnaitra l’aspect traditionnel, même enchanteur de Noël. Mais d’où vient cette tradition ? De quoi est-elle née ? On admettra le côté plaisant, romanesque, « féérique » du concept ou même de l’esprit qui anime (spontanément semble-t-il) cette période. Mais d’où vient le charme, l’envoutement ? Qui a jeté un sort à l’occident pour que les fêtes du solstice d’hiver, ancestrales, lugubres et peu rassurantes, se transforment en moment angélique où chaque flocon qui tombe semble porter une bénédiction, un don venant du ciel.

J’étais hier soir assis dans une église (ça existe encore) avec plusieurs centaines de personnes qui avaient payé une somme appréciable pour entendre un de ces typiques concerts de Noël. Un chœur mixte, un ténor, un soprano, des alti, des basses et un organiste et pianiste tout à fait respectable. Des arrangements de Raymond Daveluy (maître d’orgue de l’Oratoire, célébré et reconnu), une exécution soignée, et j’oserais dire bien sentie. Sur la scène, en large majorité, des baby-boomers, têtes blanches (les Classels seraient fiers), dignes représentants de cette génération qui a envoyé paître le clergé et ses exigences. Pourtant les voilà, les yeux humides, les voix vibrantes, le corps tonnant un «Minuit Chrétien » digne des meilleures messes de minuit de nos mythiques campagnes enneigées. On se cherche une identité collective depuis un sapré bail, mais là, justement, il me semblait y avoir une évidence. Étrange évidence. « Peuple à genoux ! Voici ta délivrance ! »

Noël. Noël.

On n’aura qu’à se rappeler que nous sommes en 2014 pour qu’un drôle de sentiment nous traverse. 2014 ans après quoi ?

J’ai titré « Incroyable Noël! ». C’aurait pu être "indéracinable Noël", ou "indestructible Noël" ou inétouffable Noël. Bref, pour plusieurs qui se plaisent à penser qu’ils mènent la barque, "foutu Noël"! Un problème.

Oui, un problème.

Car, ces jeunes de moins de 40 ans, malgré les efforts colossaux investis pour déchristianiser le Québec depuis 2 siècles, malgré le triomphalisme affiché devant les transformations sociales des 40 dernières années, malgré cette prétention suffisante que nous vivrions (enfin) un «temps nouveau», délivré des influences passées (chrétiennes s’entend, car bien d’autres vieilles affaires et concepts archaïques ressurgissent étrangement), ils n’ont qu’un pas mental à faire pour découvrir la source de ce Noël qui persiste et signe.

Rien à faire. Noël « toffe la run ».

Une athée me confiait un jour : « Personne ne pourra jamais arrêter le christianisme, parce que c’est un message qui se transmet par la parole, essentiellement. On ne peut pas empêcher les gens de parler …. »

Sage analyse.

On voudra me dire que c’est la même chose pour toute religion, philosophie ou idéologie. Je ne crois pas. Car, quand ce message touche un individu, quelque chose en lui s’anime, qui ne peut s’animer par l’action de tout autre message. C’est pourtant vrai. Chaque être humain est « amorcé » pour recevoir l’Évangile du Christ qui vient sauver l’humanité. Dès que le message est prêché, correctement et simplement, sans artifice, fraude ou motif égoïste, il touche et transforme. Essayez de lutter contre cela.

Paul (le Saint Paul des Actes des Apôtres) disait de l’Évangile qu’il constitue une « puissance ». À voir le monde en 2014, on pourrait le croire. Malgré toutes les atrocités, dont certaines commises diaboliquement au nom de l’Évangile mais en contradiction directe de son message, le monde porte la marque de la venue de Jésus, dit le Christ. Si on veut bien le voir, et comme le champ de la parabole, contenant en même temps l’ivraie et le bon grain, tel que prédit. Étrangement.

Et justement, cette corruption de l’Évangile, en opposition à son enseignement explicite (et contrairement aux fruits de d’autres idéologies et religions dont les enseignements de base appellent à la discrimination, l’exploitation et la violence pure et simple …!), est souvent menée par des opposants fanatiques de celui-ci. Stratégie hypocrite et sournoise, on sème l’ivraie au travers du bon grain et on accuse le bon grain … Malgré cela, « les portes de l’enfer » ne prévalent pas, et l’Évangile progresse, et abat, avec le temps, tous les obstacles sur son passage, malgré la souffrance et la persécution, ouverte ou cachée. Tel que prévu, encore une fois.

Non. Je dois l’admettre, et ça choquera, le score final est déjà connu et officiel : Christ est vainqueur ! Dieu ne pouvait qu’avoir le dernier mot. Et personne n’aura la moindre excuse, en toute justice.

Alors, que ceux qui veulent aller cracher sur la tombe du christianisme ou danser dessus profitent de ce temps où il est encore possible de se faire croire que l’Évangile a été battu et détruit. Ces illusions vont s’estomper et rien ne peut changer la réalité.

Ce monde, l’humanité, a ÉTÉ délivré. À chacun maintenant de choisir : entrer dans le salut de Dieu où demeurer dans les ténèbres et, surtout dans le désespoir ?

Car Noël, c’est ce cadeau qui vous appartient déjà mais que vous devez décider d’ouvrir ou de laisser là.

Que choisirez-vous ?

Croirez-vous à Noël ?





















jeudi 4 décembre 2014

“Never let a good crisis go to waste” Rahm Emanuel


2014-12-04

Il y a beaucoup de souffrance dans ce monde. Une grande partie est causée par des actes humains, parfois pleinement volontaire, parfois sous une influence intérieure ou extérieure, parfois par pure maladresse, ignorance. Il n’en demeure que l’homme est le plus grand ennemi de l’homme. Pas la nature, pas les animaux dangereux, statistiquement, l’homme est le danger le plus menaçant durant les quelques 80 années de votre espérance de vie. Il faut quand même mentionner que si on considère une période plus longue (100 ans, 1000 ans, l’éternité …), là, la maladie et la mort sous toutes ses formes vont se manifester. Fait incontestable, questionnant, étrange et transcendant. Mais, hormis ce contexte de la maladie et de la mort à moyen ou long terme, l’humain est la pire menace dans le présent usuel.

Au Québec, il y a l’État de Droit. Rien n’est parfait, mais à 3hrs du matin, il y a très peu d’endroit sur tout notre territoire où vous puissiez être confronté à une menace probable et sérieuse. Il y a toujours un risque, mais reconnaissons qu’il est mineur, à l’échelle d’un individu. Cependant, à l’échelle des 8 millions d’habitants actuels du Québec et sur une période d’une année, il y aura des centaines, des milliers d’incidents malheureux, des milliers d’hommes et de femmes qui vont souffrir ou mourir.

Cet état de chose alimente une machine. La machine à produire des perceptions. Je dis la machine, mais en fait elle est constituée de plusieurs appareils ayant une certaine indépendance l’un vis-à-vis de l’autre. Parmi ces appareils il y a tout au centre les média, puis en périphérie les sphères de la connaissance (quasi gnose …) usuelle : éducation, université et autres institution du savoir, politique et activisme idéologique (dont les syndicats) et finalement l’appareil culturel (littérature, cinéma, musique, théâtre, …).

Je dis que cet état de chose alimente une machine parce qu’il peut être et est présenté comme une série de « crises ». Drame familial, polémiques, agressions armées, guerres, terrorismes, guérillas, accidents meurtriers, une suite traumatique de scènes d’un étrange téléroman, découpée serrée à la façon de ces films d’actions d’Hollywood qui ont fait école finalement. Nous entrons dans l’écran du cinéma pour participer au scénario de l’aventure, avec ses bons, ses méchants, ses héros et leur voyage initiatique, ses rédemptions et ses jugements. Cette « émission » devient un lieu que nous habitons et dont il ne faudrait jamais sortir. Un lieu de débat, de tension et de défis qu’on voudrait voir devenir l’essence même du parcours de notre vie (« the journey ») : comment réagirons-nous ? Serons-nous du bon coté de l’histoire ? Ce lieu, il nous entoure et nous avale, que nous soyons en train de déjeuner au resto en attendant un client, où au souper à la maison, en train de prendre une bière avec le voisin en refaisant son patio, dans notre esprit, nous sommes continuellement « branché ». Branché à la machine.

La machine nous alimente en nous « reformatant » l’actualité (la part du réel qu’elle veut rendre perceptible, effaçant du même coup de notre conscient tout ce qu’elle occulte et ne retransmet pas …) et en nous l’administrant à dose savamment définie, dans la parfaite confiance que notre « éducation » et notre « culture » provoquera en nous les effets escomptés. Nous sommes des animaux dressés, des chiens de Pavlov, qu’on fait saliver, brailler, jouir ou se révolter à demande. Si c’est voulu, ce pourrait être bien utile du moins à certains. Mais passons.

« Péladeau est, en effet, le principal responsable, avec la télévision bien sûr, des pressions exercées sur tout notre journalisme pour qu’il descende plus bas et toujours plus bas. Alors que les penseurs s’efforcent, par leurs travaux et leurs essais, de découvrir le sens des choses, le journalisme que pratique Péladeau abouti, au contraire, à évacuer toutes les questions qui porteraient sur la signification des événements. L’évènement selon Péladeau, c’est l’évènement sans logique, celui qui surgit capricieusement et contre lequel on ne saurait se prémunir, celui qui ne découle ni du mérite ni de l’erreur, celui qui n’a pas eu de préparation dans le journal de la veille et qui n’aura pas de suite dans le journal du lendemain. … Péladeau n’a pas inventé ce découpage du réel en tranches minces. Ce qu’on appelle le roman américain amène, en effet, l’évènement à se constituer en personnage essentiel. …Ce qui importe, c’est le fait. Que ce fait soit un accident de la circulation, le passage du « preacher », le viol de la fille de ferme, peu importe. … Il en résulte une atmosphère souvent étouffante, un climat d’écrasante fatalité.»
Laurent Laplante, Le vingt-quatre octobre, 1988

Voilà qui pourrait faire sourciller le bandwagon de PKP, mais étant donné mon « tirage », je doute causer le moindre émoi. La citation de Laplante parle bien sûr de Péladeau père, le fondateur de Québécor, pas de Pierre-Karl, mais le moins qu’on puisse dire c’est que le ton du « Journal de Montréal » et de ses co-média n’a pas vraiment changé. Le commentaire me semble pertinent. PKP, « le candidat de la machine », ça risquerait de troubler les eaux. Enfin.

Mais je m’égare. Mon propos, c’est d’attirer l’attention sur un mécanisme qui fait qu’on peut pratiquement créer des crises sur mesures, en les construisant avec des éléments du réel (faits) comme on ferait avec des blocs LEGO. Une crise bien constituée, bien située (les éléments du débat ayant été limités et contrôlés dès le départ), peut devenir un véhicule pour produire et/ou alimenter une « action collective ». La politique peut la récupérer et en faire le moteur de sa prochaine campagne. Si le moteur s’envole en fumée 3 mois après les élections, ça n’a pas d’importance. Si les acteurs de la crise, ennemis circonstanciels, deviennent par la suite des alliés militants, le seul problème est de trouver l’excuse, le prétexte, l’explication qui permettra de faire avaler le chameau au public.

La cible de ces « actions collectives » n’est peut-être pas présentée explicitement dans la définition (perception) de la crise construite, mais elle est la raison principale de l’investissement. Parfois, identifier clairement la cible d’une mécanique peut être contreproductif, du point de vue de ceux qui la manipule. Ça pourrait désamorcer le processus. Tout va bien tant que ça bouge dans la bonne direction, et c'est encore mieux si la populace ne saisit pas complètement (ou pas du tout) quelle est vraiment cette direction.

Des exemples ?

Hum ! Ça m’étonnerait qu’il n’y en ait pas déjà qui se manifestent dans votre esprit. Le printemps érable et les casseroles. Où sont les principaux protagonistes, dont 2 ont changé de camp de façon fort maladroite mais sans trop de dégât. Vous souvenez-vous du gouvernement de coalition qui voulait renverser les règles parlementaires et le gouvernement minoritaire de Harper ? Il n’y a pas si longtemps, on voulait renverser le gouvernement (majoritaire) de Harper pour avoir enfreint des règles parlementaires. Ceux qui portaient l’accusation étaient ceux qui étaient prêt à bafouer les mêmes règles ouvertement peu avant. Mon point : la crise n’a pas d’importance réelle et les motifs invoqués ne sont pas les vraies cibles de l’action.

Dernièrement, un blogger (humoriste auto-proclamé) a émis des propos peu raffinés sur sa perception d’un « personnalité » féminine. Cette dernière, bénéficiant des bonnes dispositions de la puissante secte TLMEPiste, a pu s’auto-victimiser (et se donner de l’importance, puisque plusieurs ignorait qui elle était) à la grand messe dominicale. L’erreur, je pense, a été de trop en mettre. Actrice et épouse d’acteur à succès ($), elle réclamait des « dommages exemplaires » de 300 000$ au blogger fauché parce qu’il avait eu la maladresse de la placer dans sa liste de phantasme sexuel. L’argent devait être donné pour des organismes (lesquels) luttant contre la violence faite aux femmes.

D’abord, il me semble que les phantasmes sexuels (violents, déshinibés) ont la côte, surtout dans ce milieu. Ils foisonnent dans le cinéma et la littérature intello à la mode (scènes de viols de mineurs qui durent 15 minutes) et on se fait classer comme un marginal paumé (et suspect) si on n’embarque pas religieusement dans la promotion de ce type « d’expression culturelle ». Mais voilà, le blogger y ajoutait une couleur qui mettait l’artiste en question sous accusation d’incohérence, voire d’hypocrisie. Ça s’est réglé, semble-t-il, par une humiliation publique (devinez où), avec période de rééducation forcée, étant donné que le gars ne pouvait pas verser 300 000$, jamais.

On nous en informe le jour (et pas trop loin dans les titres) où on « célèbre » l’anniversaire du « massacre de Polytechnique » par Marc Lépine. La cible du processus est-elle vraiment la protection des femmes ? Où est-ce plutôt … l’humiliation des hommes, dans la pure tradition féministe du « tout est la faute de l’homme, l’homme est l’ennemi, l’homme doit être subjugué, enchaîné, mis au pas, … domestiqué ».

Ce qui peut être intéressant ici, c’est que ma dernière phrase, ce questionnement, ne passerait jamais à travers les modérateurs de commentaires sur aucun des grands média du Québec. Tabou ! Pourtant, ce n’est qu’une question. Et dans le fond, la vraie question est : se pourrait-il qu’un évènement (dramatique) soit présenté d’une façon incomplète et manipulé sciemment, sans scrupules, pour d’autres fins ?

Je vais vous choquer encore plus.

Le motif par lequel on provoque ici (drame de Polytechnique) la réaction du public est la « violence faite aux femmes ». Il s’agit d’une réalité, inadmissible à mon sens, contre laquelle il est tout à fait légitime de prendre action. Soit. Mais, dans le cas de Polytechnique, il y a d’autres aspects évidents si on s’est renseigné un peu sur le cas de Marc Lépine : difficulté d’intégration de membres de d’autres cultures (le cas récent de Michael Zehaf-Bibeau peut être évoqué), en particulier de l’influence de l’Islam (Zehaf-Bibeau aussi), la question du décrochage scolaire et d’un environnement (au secondaire surtout) qui favoriserait les filles, la question des programmes et des règles qui favorisent certains groupes sociaux et les femmes, la question du chômage chez les jeunes et des opportunités de réussites (plus réduites désormais) pour les jeunes hommes dans la société actuelle, la question de l’émancipation féminine (est-ce que tous ses objectifs sont atteints, étaient-ils légitimes, les femmes elles-mêmes peuvent-elles les réévaluer sans qu’on crie à la régression sociale, etc. « Au-delà du 6 décembre » de Catherine Fol avait suscité une véritable folie inquisitrice de la part des puissances féministes. On hurlait à la trahison (et à la punition exemplaire, comme celle du Blogger grivois), on demandait à ces jeunes femmes de cesser de questionner l’encyclique officielle et les dogmes émis par l'establishment féministe quant à la perception à avoir de cet évènement. Pourquoi ?

Moi je dis, Polytechnique était devenu une crise manipulée et une des victimes réelles refusait de jouer le jeu. Alors, sa souffrance (vraie), on s’en balançait, il fallait atteindre la cible, culpabiliser les hommes et faire des gains sociaux, au prix du sang de 14 jeunes femmes et des souffrances des survivantes. Voilà ce qu’est une crise manipulée.

Quant au motif, la « violence faite aux femmes », il est bien sûr mobilisateur, à juste titre. Mais que diriez-vous de vous mobiliser autour de la « violence faite par les femmes » ("souffrance causée par les femmes") ?

Là, avouez, vous êtes prêts à m'envoyer au bucher. Je vais trop loin. Vraiment ?

Et d’ailleurs, est-ce que ça existe ? De quoi est-ce que je parle ?

Vous êtes furieux parce que vous savez où je m’en vais.

Le féminisme fait la promotion d’un accès sans aucune restrictions à l’avortement. Or, de plus en plus de gens (et de jeunes), et c’est logique et irrémédiable selon moi, questionnent l’avortement tardif. Tout simplement parce qu’on SAIT que l’enfant (oui, l’enfant) qu’on tue souffre. Je ne saurais parler de l’avortement précoce, à un moment où je ne sais pas ce qu’il en est du système nerveux de l’enfant, de son état de conscience, de son être. Peut-être quelqu’un pourrait me renseigner là-dessus. Où en sont les connaissances ? Mais pour ce qui est d’un bébé de 6, 7, 8 ou 9 mois, pour avoir eu un enfant prématuré et l’avoir tenu dans mes bras (après qu’il ait lutté pour sa vie pendant des heures durant un accouchement extrêmement difficile), je ne peux plus croire qu’il s’agit d’un morceau de viande ou même d’une partie du « corps de la mère ». Je suis parfaitement d’accord pour que les femmes aient autorité entière et incontestable sur leur corps et leur capacité reproductive. Mais, ce bébé dans leur ventre, ce n’est pas leur corps, c’est déjà celui d’un autre.

Donc, des femmes, les féministes extrémistes (enragées et insatiables), tiennent un discours violent, intolérant et, à mon sens, cruel. Rien ne les fait se remettre en question. Rien ne les atteint. Il n’y a pas encore assez de cadavres d’enfants avortés pour que leur conscience en soit le moindrement émue.

Alors, les propos de ce Blogger maladroit constituent un fait, questionnable, et on en a fait une crise utile. Mais l’agonie et la mort, à une cadence industrielle, de tous ces petits êtres, bien qu’elles constituent des fait, horribles et terrifiants, ne constituent pas une crise. Ils souffrent et meurent en silence, sans affecter d’un atome le mur stupéfiant de notre indifférence.

S’il faut qu’il y ait un Dieu, qui ne lit pas ce que PKP nous cuisine, où voit-il la crise ? Comment réagira-t-il ?

Si ça ne provoque pas une crise existentielle en nous, que notre cœur est dur !

« Il n’y a point de juste, Pas même un seul ;Nul n’est intelligent, Nul ne cherche Dieu ; Tous sont égarés, tous sont pervertis ; (3-12) Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul ; Leur gosier est un sépulcre ouvert ; Ils se servent de leurs langues pour tromper ; Ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; Ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; La destruction et le malheur sont sur leur route ;Ils ne connaissent pas le chemin de la paix ;La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »
Romains 3 :10-18










vendredi 28 novembre 2014

Second Regard – Entrevue avec le Père Benoit Lacroix, centenaire

Alain Crevier, c’est tout un numéro. Ce gars là est un fondamentaliste qui s’ignore. Intransigeant et totalitaire dans sa pensée relativiste absolue (ce que je me marre …!), tout ce qui affronte ses convictions profondes est attaqué sans merci. C’est un croisé fanatique de la mise à mort du christianisme, du moins d’un certain christianisme tel qu’il le conçoit. Ce christianisme doit disparaître et il fera tout, même être diplomate, modéré et patient, pour qu’il s’écroule dans un bruit de fracas.

Alain Crevier hait, d’abord, et c’est ce qui le motive.

Pourtant, parfois, il hésite, cherche. Il se demande, je pense, ce qui pourra remplacer l’objet de sa hargne. Que faire lorsque sa Némésis agonise ? Mais voilà, alors que tout semble montrer qu’on en a fini à tout jamais avec le Jésus de l’Évangile, avec les parfums d’encens et les soutanes, on trouve toujours un ilot de résistance qu’on se presse de détruire pour trouver qu’il n’est qu’un avant poste de quelque chose de plus gros que prévu qui a la fort mauvaise habitude de persister. Jusques à quand ? C’est à désespérer.

Alors, ses paroles sont plus marquées, plus appuyées. Il insiste : « Vous ne voulez quand même pas dire que …! ». Il tape du pied : « Admettez que c’est fini! Admettez que le christianisme a rendu son dernier souffle ! »

Le pape François. Ce qu’il en retiendra, comme toute la clique de la SRC, c’est qu’il a presque dit que l’homosexualité, c’est cool, que la famille ne sera jamais plus (jamais, jamais) ce qu’elle a été (pendant au moins 6 millénaires …). Il retiendra l’amour, celui qui va toujours dire que c’est correct, que tout est beau, que tout le monde est fin et surtout que la croix de Jésus ne servait à rien dans le fond. Voilà. Détruire l’œuvre, unique solution, irremplaçable et nécessaire, du Christ par sa croix. La rayer de la conscience collective, la rendre caduque.

Il aura beau avoir toute la furie d’un croisé, il n’est pas de taille, il ne suscite même pas une ondulation sur l’océan du plan de Dieu. Il le sait, mais il ne veut pas le savoir.

Pourquoi parler de Benoit Lacroix ?

Parce que ça permet de montrer un catholicisme quasi-repentant, loin des certitudes, ouvert à n’importe quoi pourvu qu’on puisse lui coller l’épithète « amour ». Un amour fourre-tout, relativement confortable, qui contredit en fait le fondement du christianisme, la croix de Christ, seul chemin, seule Vérité, seule solution.

C’était plus dérangeant avec Frédéric Lenoir. Ce philosophe à la mode allait jusqu’à prétendre que le christianisme est le fondement réel de la pensée démocratique moderne (celle qui contrairement aux grecs admet que tout homme et toute femme a droit de parole et de vote en collectivité et le droit et la responsabilité de gérer sa propre vie), encore plus que Les Lumières à la réputation surfaite. Sans Jésus, tous les totalitarismes sont possibles et se manifestent. Avec Lui, une collectivité se transforme, une personne à la fois. Rien n’affecte positivement l’homme autant que l’Évangile, et pourtant l’ivraie poussera à travers le bon grain. Mais, pensez, un Jésus pertinent, branché sur le réel contemporain, c’est extrêmement dangereux. Car on pourrait avoir la tentation de lire ce qu’Il a enseigné et surtout ce qu’Il a dit de lui-même. Et c’est là que tout déraille, du moins pour Alain Crevier. Jésus se présente comme seul Sauveur, seule Porte, seule Parole, seul Chemin, seule Vérité.

Intolérable.

Voilà donc pourquoi Alain Crevier est d’abord, avant tout, intolérant.

Bienvenue à Second Regard, l’émission où on vous conduit, de gré ou de force, loin du Salut en Jésus.

mercredi 12 novembre 2014

 Michel Patoine, valoriste


http://www.lapresse.ca/videos/actualites/201410/30/46-1-quand-les-bouteilles-te-sortent-de-la-rue.php/3591f27c32674393bcd7407ba9f5ecbc

Des coupures partout, 13$ pour 8hrs de travail, l’aspect écologique, « mendier est bon pour l’âme », vaincre ma timidité

Got the point ?

Voilà le thermomètre. Voilà ce qui permet à un gouvernement de dire qu’il a fait son travail et utilisé les sommes (faramineuses) que nous lui versons annuellement de façon utile, juste raisonnable. Voilà ce qui permet de dire qu’une société progresse, pour le vrai.

Je veux dire, le jour où Michel Patoine obtient un salaire décent et des outils de travail adéquat, les québécois ont gagné la partie. Tant qu’il se balade avec un vieux « bycik » à ramasser dans la quasi-clandestinité (et l’indifférence manifeste) nos « erreurs » derrière nous, s’interrogeant sur sa place parmi nous, ne réclamant pas vraiment sa part (LÉGITIME) des bénéfices orgiaques produits par notre société, nous sommes des nuls. Des épais. Des moins que rien.

Capisce !

C’est un prophète. Chacun de ses pas dans la nuit nous accuse. Avec raison.

Il pense qu’il a un problème, il se cherche. Honte sur nous. C’est nous le problème. Et merci à Audrey Ruel-Manseau et Bénédicte Millaud pour leur intégrité, leur sens de la justice et de la responsabilité journalistique.

Pourquoi Michel est-il si important ?

Premièrement, nous vivons dans une société/territoire où on n’a qu’à faire des maths simples pour réaliser que collectivement nous avons largement les moyens pour que tout le monde vive plus que décemment en assumant sa part équitable (et adaptée aux capacités de l’individu) de la charge collective de travail RÉÉL pour faire rouler notre machine. Pour y arriver, d’une part, il faudrait faire un examen « juste un peu raisonnable » de nos façons de faire afin d’éliminer les « fausses jobs », qui sont du BS de luxe déguisé, les « fausses exigences », qui nous font pelleter des nuages et faire la danse de Saint-Guy comme des cons, et les « fausses légitimités » qui permettent à des profiteurs (parfois inconscients de leur responsabilité dans l’exploitation des masses) d’encaisser une part du magot qui est en fait … du vol. Aussi, juste remettre en question certaines pratiques vues comme nécessaires et pertinentes alors qu’elles sont inutiles et taxantes. Un grand ménage fonctionnel, en somme, que nous devons faire au nom de la (vraie) justice sociale.

Deuxièmement, et là je suis dangereux, il faut comprendre que la vraie économie n’a rien à voir avec l’argent (monnaie) et la valeur qu’on lui accorde (béatement). Mon point c’est que si demain matin le TSX ou le Dow Jones s’écroulent ou qu’une bulle immobilière ou techno éclate (pour prendre le jargon des économistes), ça ne dérange rien ni personne en réalité. Le problème c’est qu’on accepte de paniquer, essentiellement. Alors, on augmente nos prix, on coupe notre personnel, les banques rappellent les marges de crédits et les prêts, les entreprises déclarent faillite, et du fait du manque de liquidité, les commerces deviennent déserts pendant que les garde-manger sont vides et qu’on vous coupe le chauffage. Crise financière. Alors je dis, au diable la finance, je me fous de leur états d’âme !!

Comment puis-je dire une telle chose ?

Pensez-y bien. Si une telle crise survient et qu’Hydro (qui est censé vous appartenir …) vous coupe le chauffage, est-ce que leurs barrages et leur réseau a soudainement perdu la capacité de desservir votre demeure? Si votre garde-manger se vide, est-ce que les boulangeries du pays ont été détruites, leur équipement est-il en panne ou disparu, le blé arrête-t-il de pousser dans les champs où a-t-il disparu des silos du Port de Montréal ou de Thunder Bay ? Tout est là, il ne manque que « l’argent » (un chiffre dans un ficher d’ordinateur pour 85% de la masse monétaire) pour alimenter les chaines de production, supporter les frais de fonctionnement, car les infrastructures et la capacité de production (VOUS!) demeurent. Comment peut-on étouffer aussi facilement notre machine sociale, la priver de l’air nécessaire à son fonctionnement ? Tout simplement en fermant les robinets des liquidités monétaires et en dévalorisant (arbitrairement) la valeur du capital, des garanties. Ce jeu est vieux comme le monde. Étudiez l’histoire de la Gaspésie, c’est « illuminant » pour le moins (les Robin et Lebouthillier).

Autrement dit, si au lendemain de la « proclamation d’une crise financière » tout le monde se levait le matin et fournissait le même travail en sachant qu’il obtiendra/conservera les nécessité premières (domicile et nourriture), la crise n’existerait tout simplement pas. Et je peux vous assurer que notre société a les moyens techniques (les seuls qui comptent) pour fournir les nécessités premières à tous les québécois. Rien n’empêche dans les faits d’ignorer une crise financière … !

Là où ca va ruer dans les brancards c’est dans les bureaux de la finance. Vous savez ces gens qui monnayent VOTRE CAPACITÉ DE TRAVAIL et VOS INFRASTRUCTURES de production pour en faire un profit, absolument théorique et arbitraire. C’est la danse de la pluie réhabilité. On transige en invoquant les dieux de la finance, en leur versant des holocaustes et en espérant obtenir leur faveur. Quelle idiotie ! Que nous sommes cons !  À ce sujet lire


Pendant ce temps là, Michel Patoine ne se comprends pas, il erre parce qu’il a la forte impression (c’est ce qu’on lui communique collectivement) qu’il ne comprend pas le monde et qu’il ne s’y adapte pas. La vérité, c’est qu’il a raison : ce monde est incompréhensible, absurde et scandaleux. Il ne comprend pas parce qu’il n’y a rien à comprendre, nous sommes idiots. Mais nous passons dans nos BMW en lui disant du regard qu’il n’est qu’un raté qu’on tolère. Nous sommes fous. Nous sommes coupables.

Que puis-je souhaiter à Michel ? Que puis-je nous souhaiter ?

Je souhaite que nous sortions de notre psychose collective et que nous prenions la réalité à bras le corps, résolument, pour le simple amour du bon sens.









vendredi 17 octobre 2014

La fin de la récréation ...

Par Franc Laplante
2014-10-17


Vous savez sans doute que George Gershwin, reconnu aujourd’hui comme un compositeur classique respectable, faisait partie d’une écurie de compositeurs, paroles et musiques, qui ont nourri les « musicals », tant sur scène qu’au cinéma. Ce sont les artisans de ce qu’on nomme le « Great American Songbook », qui comprend un nombre impressionnant de standards repris encore aujourd’hui par les grands de la musique populaire ou du jazz en particulier.

Parmi les autres membres de ce panthéon on connait son frère Ira Gershwin, Irving Berlin, Rodgers, Hart, Hammerstein, Cole Porter, Jerome Kern, beaucoup d’autres.

Je regardais dernièrement un film de ce catalogue en écoutant les commentaires de deux spécialistes, dont un qui avait vécu cette époque, à partir des années ’30. Le commentaire a dû être enregistré au début des années ’90. Le plus âgé faisait donc cette remarque : « You were born too late ! Life was good in those times. »

En particulier, il discutait d’une partie de l’histoire qui présentait les 2 acteurs principaux, jouant d’ailleurs le rôle de vedettes de l’époque, au milieu d’un milieu privilégié, des passagers d’un paquebot transatlantique. Il semble que les grands noms d’Hollywood, autant ceux devant que derrière la caméra, vivaient réellement ainsi, se baladant entre des engagements artistiques en Europe et en Amérique, dans la quiétude et le luxe. La crise des années ’30 ravageait l’occident à ce moment et pour eux, il ne s’agissait que de gros titres dans les journaux. Leur mode de vie n’en était pas du tout affecté.

Les Gerhswin auraient été payés au-delà de 100 000$ pour la musique d’un film à cette époque (4 ou 5 chansons principales, une dizaine d’arrangements accessoires pour les transitions), probablement 3 semaines de composition et 1 mois de répétitions et enregistrements. Dans les belles années, les compositeurs populaires pouvait obtenir 2 ou 3 contrats de ce type annuellement. À ce moment, le milieu des années ‘30, on pouvait bâtir ou acquérir une brillante propriété près d’Hollywood pour moins de 10 000$. Le reste de leur temps, au moins la moitié de l’année comptez bien, ils le passaient avec les copains, des compétiteurs dans une certaine mesure, des alliés parfois. Mais, lorsqu’on faisait parti des noms en vogue, il y avait plus à gagner qu’à perdre à maintenir de bonnes relations avec tous les gens significatifs du milieu. Je ne crois pas que ça ait changé.

Citizen Kane, le film d’Orson Welles, était une personnification de William Randolph Hearst, magna de la presse et personnage influent du milieu artistique. Sa propriété mythique, San Simeon ou Hearst Castle en Californie, était le lieu de rencontre régulier de cette faune du show bizz, des intellos. Hearst a hébergé, pour son plaisir et celui de ses hôtes, les gens les plus divers, les grands noms. Il a donné beaucoup, il a influencé beaucoup, il a fait naître et pâlir bien des carrières et ça lui plaisait. Tous ces échanges de bons procédés durèrent en fait jusqu’en 1937, essentiellement. Par la suite, une réorganisation de son empire, un effet retardé de la crise de ’29, le laissa dépendant beaucoup plus que maître de son destin. Son influence décru évidemment, et le panthéon dû trouver une autre « cour », ou continuer sa récréation.

Car, il fallait continuer la récréation. Les compositeurs, eux, étaient réputés pour leurs parties de poker continuelles sur les patios, sur le bord de leurs piscines privées ou pour leurs sorties aux courses de chevaux. Bref, le genre de divertissement dans lequel la classe dominante à toujours choisi de passer l’essentiel de son temps. Comme si la récréation n’avait jamais de fin.

Or, pas besoin d’examiner l’histoire de façon approfondie, la récréation a toujours eu une fin. Celles de la cour des Tsars ou celles de Versailles. Celles des patriciens romains ou des élites grecques, celles des privilégiés de la nomenklatura, celles des proches de Guy Cloutier. Qu’arrivera-t-il à la bande à Guy A., à l’intelligentsia du Plateau ou à celle du Village, de New York ou de Montréal ? Car, dans les conversations on parle de nos carrières, de nos fonctions, de nos défis, de nos projets / créations / réalisations, on prétend, on affirme qu’on travaille !

On travaille pour qui ? On produit quoi, qui change quoi pour qui ?

Dans les manifestations récentes, mais qu’on a déjà oublié, celles des (prétendus) représentants du 99%, les « Occupy Wall Street » qui devaient mettre un terme au pouvoir de l’argent, qui reprenaient comme un mantra les propos de leurs harangueurs, comment ne pouvait-on pas réaliser que ce peuple indigné faisait allègrement parti des privilégiés, au moins en termes planétaires, et qu’ils ne faisait que poursuivre la récréation oiseuse de tous ses prédécesseurs, serviles et futiles.

Ouch !

Et on s’est réjoui, dans cette foule, supportée par tous les caniches à la mode, de l’élection du champion de la plèbe, Saint Obama. Avant qu’il arrive, le peuple américain, ses riches et ses pauvres (pauvres surtout …), avait sur le dos une dette correspondant à 36% du PIB. L’économie, tout le panthéon le chantait, était en ruine. Avant qu’il parte en 2016, la dette américaine officielle dépassera 90% du PIB ! Wall Street se roule à terre !! Et si quelqu’un peut sonner la fin de la récréation … Mais voilà, pour eux ce sera des gros titres sans plus. Et le panthéon trouvera bien moyen de s’inviter à la récréation des exploiteurs, il faut bien le dire, en échange de 2 ou 3 chansonnettes, un pas de danse et une bonne blague. C’est vous qui payez la facture, j'espère que vous le savez …

« Life is good ! »













jeudi 9 octobre 2014

Du talent

Beethoven, Bach, Mozart. Michel-Ange, Renoir, Rodin, Picasso, Riopelle peut-être (fort probablement si vous êtes québécois). Les Beatles, Victor Hugo. Je pourrais continuer jusqu’à Andy Warhol ou Lady Gaga, en passant peut-être par Justin Bieber, Céline Dion.

« Moïse appela Betsaleel, Oholiab, et tous les hommes habiles dans l’esprit desquels l’Eternel avait mis de l’intelligence, tous ceux dont le cœur était disposé à s’appliquer à l’œuvre pour l’exécuter. » Exode 36:2


Le prestige et l’influence associée au talent, ça ne date pas d’hier. Prestige et influence qui se prolonge dans le temps, c’est la caractéristique qu’on attribue au « vrai talent », mais dont la nature et la portée se transforme aussi avec le temps. Victor Hugo ne peut plus écrire de lettres polémiques dans un journal sur l’actualité sociale et politique. Richard Martineau, si. On verra ce qu’on dira de Martineau en 2150, mais pour l’instant, dans un certain espace, Richard Martineau a plus de poigne et d’influence que Hugo. Par contre, au niveau des modèles de communication, quel intellectuel (francophone du moins) sérieux ne va pas porter attention à l’art de Victor Hugo, qu’on aime ou pas. De là, son influence persistance, et qui en circonscrira les limites … Voilà un sujet qui vaudrait un bouquin entier, mais bon.

Les gens aiment le talent. Le talent fait partie de toutes les fêtes et célébrations, et ça remonte aussi loin qu’on puisse savoir.

Les lits de coquillages des tombes des plus vieux groupes humains connus témoignent d’une valorisation esthétique, offerte à la mémoire du défunt, en témoignage sans doute de l’affection ou du respect qu’on lui porte. Les funérailles des hommes d’états actuels sont encore tapissées de ces manifestations : fanfares, cortèges, décorations, bâtiments avec leurs parcours et dispositions associées, protocole et décorum, toutes des expressions d’art, en tout ou en partie, faisant de la foule elle-même une œuvre passagère mais destinée à marquer la pensée collective. Et les photos et séquences vidéo font qu’elles iront rejoindre les compositions d’un Van Gogh.

Les naissances semblent plus discrètes, pragmatiques voire chirurgicales aujourd’hui. Mais les rites d’intronisation à un statut social, de celui de nouveau-née à celui de rentier, sont encore une fois garnis d’art et donc de talent pour le livrer. L’organiste au baptême, le DJ au party de départ à la retraite, l’œnologue au souper protocolaire annuel de l’ordre professionnel, le photographe du mariage, à tous on demande le savoir-faire et surtout le bon goût de circonstance. Le talent.

Même dans notre matin en plein trafic de commuting on cherche la « toune » qui va nous fournir la joie de vivre en dose suffisante, incluant aussi le ton et le rythme du morning man de notre choix. Le matin, le champ de bataille sans quartier des radios locales depuis des décennies. On y connait la gloire et la déchéance, mais toujours la mesure en sera le talent. Un talent que même le scandale ne pourra totalement annihiler.

American Idol, Britain’s got talent, Star académie, Occupation double, Survivor. Ça prend aussi du talent. Il ne suffit pas d’être athlétique, de maîtriser des techniques diverses, mais il faut savoir émouvoir, rejoindre, faire vibrer cette fibre qui elle aussi pourrait faire l’objet de bien des bouquins.

« The Errand Boy » (1961, Jerry Lewis) nous présentait, dans un bien humble contenant, une vérité me semble-t-il. À la fin du film, le héros, gauche et naïf, se surpasse en termes de gaffe et démolit complètement une session de tournage dans un studio de cinéma. Les rushes parviennent à la direction, les producteurs et réalisateurs du film sont consternés et anticipent les reproches meurtriers qu’on va leur servir pour avoir laissé un imbécile gâcher tout ce budget. Mais un des décideurs éclate de rire et se met à expliquer qu’au contraire voilà une découverte qui va assurer l’avenir du studio : une vedette. Cet imbécile gaffeur, filmé accidentellement durant les catastrophes qu’il provoque. « Don’t you see ?! He’s got it! » Cette indéfinissable capacité de rejoindre l’auditoire qui se voit séduit et pratiquement contraint à le trouver sympathique, à vivre de l’empathie pour ses bourdes et ses malheurs. Talent.

Que demande-t-on à ces êtres auxquels nous allons consacrer notre temps, librement, par goût. Ces instants précieux d’une vie insaisissable dont chaque seconde nous est donnée sans aucune garantie pour la prochaine. Nous leur offrons, comme les adorateurs d’un culte étrange, notre temps et notre attention sur l’autel de l’immédiat. Nous écoutons leurs chants, leurs états d’âme, leur évocation d’un aspect ou l’autre du réel. Nous nous abreuvons à leur source et nous cherchons à nous rassasier de leur âme, ne le dirait-on pas?

Et en retour, nous les vénérons, dans tous ces magazines religieux et dévots que sont le 7 jours, le Paris Match, Fox411 ou le Rolling Stones. Nous voulons savoir ce qu’ils mangent, ce qu’ils aiment, ce qu’ils approuvent et nous nous soumettons à leur influence, en payant pour le faire d’ailleurs. Nous nous précipitons, au point de se marcher les uns sur les autres, pour vibrer au son des oracles libérateurs, nous le croyons, de Lady Gaga. Rien de changé depuis la Grèce antique, non rien.

Quel est le talent de Véronique Cloutier? Quel était celui de Réal Giguère? Britney Spears, sans son attirail électronique de correction de voix, chante comme un plombier, mais ne faut-il pas du talent pour rester debout sans s’évanouir devant 50 000 fans sur le bord du délire profond et les intéresser pendant 2 heures ne serait-ce qu’en gonflant des ballons ou en bougeant ses fesses ? De toutes nos grandes voix, présumées, lesquelles accepteraient de faire une prestation sans filet, sans même un micro et un band, dans une cuisine de la populace. Certains osent et c’est là je crois qu’on peut mesurer encore mieux la nature de leur talent. Merci YouTube et cie.

Cela soulève un autre point je crois. Pour avoir un peu d’expérience dans le milieu artistique (un peu quand même), je vois sur YouTube de parfaits inconnus qui ont un talent indéniable et parfois impressionnant. Comme on dit dans le milieu, « passeraient-ils »? Car, cela tient aussi à la tenue, l’allure, la gestuelle spontanée. On peut travailler la présentation d’un artiste, mais c’est quand même lui qui fera bouger la carapace. Et voilà, suscitera-t-il la dévotion ?

Car nous voulons croire.

Il y a un aspect carrément messianique dans le vedettariat. Et Jésus est en compétition avec Lady Gaga, directement.

La gestion des artistes, le commerce de leur image, sa fabrication et sa promotion, est une industrie gigantesque, autant en terme financier qu’en terme politique et philosophique. Le rocker est un prophète, faux ou vrai. Et si on peut l’utiliser, le manipuler au besoin, quelle aubaine !

Le talent est toujours au service de quelque chose. Qu’il paraisse négligé ou chromé, il peut très bien collaborer au même projet. Un « métèque » débraillé et bohème peut être le véhicule parfait pour le plan de match d’un consortium financier qui vit de l’esclavage de travailleurs vulnérables. Question d’emballage, de rythmique, question de jeux de mains.

 Ce n’est pas d’hier que les sirènes peuvent mener les navigateurs que nous sommes vers les écueils où nous ferons naufrage.

 Et pourtant, le monde a commencé par un chant.









lundi 6 octobre 2014

Société Nouvelle : les média traditionnels, un cul-de-sac stratégique

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2014/10/05/001-eric-zemmour-provoque-ire-anne-dorval-mariage-homosexuel-droits-femmes.shtml

Je décrirais la situation de la façon suivante.

La « Manif pour tous » (voir aussi ) du 5 octobre 2014, la 7ième du collectif depuis sa fondation en septembre 2012, a eu lieu à Paris et simultanément à Bordeaux.  Ce fut un grand succès, autant par le nombre de manifestants (570 000 participants selon les organisateurs, photos à l’appui, chiffres niés évidemment par les média …) que par la démonstration de ténacité du mouvement.  Après avoir monté une pétition de 700 000 signatures et s’être organisé en 46 « antennes » départementales coordonnées par une permanence nationale, la « Manif pour tous » a démontré son enracinement à titre de « grassroots movement ».   Qu’il représente la majorité ou non, il a prouvé représenter une masse significative de français, peu importe les critères utilisés pour mesurer ses appuis.


Je dirais plus : la force de ce mouvement tient surtout au fait que la « Manif pour tous » défend un courant de pensée totalement opposé à l’intelligentsia qui règne en maître sur le monde médiatique, et par extension sur le monde académique et politique.  Ses ressources, en termes de diffusion, de promotion et de capacité de réplique, sont anémiques comparées au bulldozer idéologique qui appuie la thèse contraire des biens-pensants.  Car l’élite, aussi minoritaire qu’elle soit, est l’élite parce qu’elle sait s’emparer des centres d’influence et des ressources financières (auxquelles toute la population doit contribuer sans droit de dissidence) qui vont avec …  Mais si les capacités de diffusion de la « Manif pour tous » sont « anémiques », son argumentaire me semble plus solide que celui de la partie adverse et le temps ne fait qu’ajouter à cet avantage !  En bout de ligne, ses pauvres ressources prouvent que la « Manif pour tous » est bien branchée dans la pensée collective, qui réagit et emboîte le pas en bonne part.  Cela prouverait aussi à mes yeux qu’elle participe d’un principe nouveau, une nouvelle donne du champ de la communication.

Oh!  Et que veux donc la « Manif pour tous »  ?... Au juste.

Ce mouvement veut protéger la famille (dite « traditionnelle » et « hétérosexiste » par ceux qui la dénigre et veulent lui nuire …).  C’est ce qui les rassemble.  Du coup, la théorie du genre, le mariage de conjoints de même sexe (dit « mariage pour tous » par les promoteurs, quelle gaucherie pathétique et byzantine) et les attaques diverses sur le concept de la famille les préoccupent.  Comme beaucoup, ils ressentent un malaise quand ils évaluent les conséquences des glissements progressifs qu’on nous a servis durant les dernières décennies et qui font qu’il est de plus en plus difficile de vivre paisiblement en famille et de transmettre ses valeurs à ses enfants.  Sans parler des multiples problèmes sociaux qu’on refuse d’attribuer à l’affaiblissement de la famille (suicide, violence dite « familiale », divorce, décrochage scolaire, dérives comportementales diverses (toxicomanie, maladie mentale, …)).  Chacun des glissements qui ont causés, si on accepte de le voir, ces effets déplorés par tous, ont été motivés, excusés, par différentes situations particulières, des prétextes trop souvent.  Mais voilà, beaucoup finissent par réaliser que le résultat total comprend une marginalisation de la famille comme concept et un retrait graduel de l’assistance collective à ceux qui choisissent ce modèle.  D’autant plus choquant que les budgets de cette assistance collective (les budgets de l’état) proviennent en quasi-totalité des poches des familles, dites « traditionnelles » (avec mépris…).

Voilà pour la situation.

Mon intérêt dans celle-ci : le bafouillage médiatique de ce lundi 6 octobre, en particulier au Québec.

Mon point de vue : ça va de plus en plus mal pour les utilisateurs habituels de la machine médiatique « traditionnelle » (on me pardonnera …), l’outil stratégique par excellence qui les a si bien servi depuis plus d’un siècle donne des signes d’essoufflement et de déraillement.

Comment puis-je dire une telle chose ?

… parce que vous me lisez, aussi peu nombreux que vous soyez.   Essentiellement.

J’ai tout mon temps.  Ce qui se publie sur le Web est là pour longtemps et le temps fait son œuvre.

Vous déciderez si mes propos valent d’être relayés, et je me soumets à votre jugement.  
Et permettez que je vous rappelle que je ne suis pas en mesure de vous séduire, de vous charmer à titre d’auditoire et d’essayer d’induire votre assiduité comme la nicotine renforce l’habitude du fumeur.  Pas de téléromans remplis de beaux gosses et d’ingénues pulpeuses, proférant des dialogues suggestifs ou fascinants sur des mondes imaginaires.  Pas de présentations sportives, épiques et flamboyantes, qui puissent vous amener aux faîtes de l’émotion et susciter votre dévotion fébrile envers une bande de privilégiés qui n’ont pas la moindre considération pour votre destinée à vous, alors que la leur doit vous tenir à cœur comme en font foi les lignes ouvertes des radios diverses. 

Que réserve l’avenir pour PK Subban ?  S’est-il informé de vous dernièrement …?

Non, tout ce que j’ai c’est ce que l’École d’Athènes avait…  Des idées.  On verra si elles sont bonnes.

Mais voilà, il y a à peine 20 ans, j’aurais eu beau les avoir, il m’était impossible de vous les transmettre.  Écrire un livre, même si j’avais eu les fonds pour l’imprimer, comment auriez-vous pu savoir de quel sujet il traitait à  moins qu’on ne me reçoive en l’Olympe, par une entrevue à la télévision (la consécration) ou au moins une mention dans une radio ou un journal local (classe économique).  Aujourd’hui, si vous pouvez faire bouger votre nez ou vos oreilles d’une drôle de façon, faites une vidéo avec votre téléphone et pressez « Publish on YouTube ».  Vous pourriez avoir 3 millions de hits avant la fin de la semaine …

Le Roi est nu et ça se voit de plus en plus.

Exemple : La « Manif pour tous » les emmerde souverainement.  Alors on ne vous sert qu’un extrait d’une discussion (genre TLMEP) ou notre bonne Anne Dorval est scandalisée par les propos d’un supporter de la « Manif pour tous ».  Pas d’argument, à part les injures de plus en plus habituelles à l’endroit des dissidents, seulement le visage consterné, et sincère sans doute, de notre bonne Anne.  Voilà comment marginaliser les « crapules » de la « Manif pour tous ».  Ils font pleurer Anne, ce sont donc des idiots cruels…   Comprenez.  Belle mise en scène, qui économise d’avoir à justifier pourquoi on ne fait pas un vrai débat, pourquoi on ne laisse pas les 2 parties présenter leurs arguments.

Et d’ailleurs, dans la portion de l’émission qu’on nous pointe sur YouTube (! Ironie et paradoxe, la SRC qui pointe YouTube …), les pro-« Mariage pour tous » accusent immédiatement de mépris le seul tenant de la thèse adverse pendant qu’eux-mêmes ne cessent de lui asséner des répliques méprisantes (et peu originale il me semble …) dont l’objectif évident et de lui signifier que ses propos sont tellement abjects qu’il devrait en avoir honte.  On se croirait en rééducation, niveau maternelle.

Je ne vois qu’une conclusion possible : l’intelligentsia constate son incapacité à répondre à l’argumentaire de la « Manif pour tous ».  Oui.  Mais il y a plus.

La machine médiatique se doit de recourir à ces prestidigitations (attirer l’attention ailleurs que sur l’essentiel) parce qu’elle commence à manquer de carburant pour faire entrer le message.  Le mariage homosexuel passe mal.  On dirait même que la vague va dans l’autre sens et on ne sait que faire.

D’ailleurs, sur plusieurs changements sociaux « phares » depuis 1960, il en est plusieurs qui sont remis en question, et de plus en plus on dirait.  Avortement, promiscuité sexuelle, parentalité désengagée, orientations sexuelles diverses et leur place dans le vécu social, plusieurs « débats clos » sont en train de rouvrir.  On crie à la propagande.  Vite dit.  Je dirais plutôt que les faits s’accumulent et qu’il devient impossible de les soustraire à l’attention publique.

Maudit problème.

Certains paradoxes deviennent manifestes.  Certaines mesures faites au nom de la promotion de la liberté apparaissent soudain comme totalitaires et oppressives.  D’autres faites au nom de la liberté de choix semble en fait limiter les choix ou éliminer le choix de certains pour ne pas dire de la majorité.  Bref le contrôle de l’information, sa reformulation et son « spinnage » deviennent extrêmement gourmands, en termes d’énergie et de moyen financiers …  Ça va mal au pays des tireurs de ficelles, discrets et anonymes, qui pouvaient se contenter de contrôler en payant.

Pourquoi ?

… parce que dès maintenant et depuis un bout, … l’argent n’a plus d’importance.

Quelle belle journée.  Vous ne trouvez pas.

Un aperçu de mes interventions dans la zone commentaires de l’article de la SRC.  Aucune n’a passé la « censure » radio-canadienne, vous ne les verrez donc pas sur leur site.  Vous me direz où j’ai enfreint la nétiquette …

L’article de la SRC :  ÉRIC ZEMMOUR FAIT BONDIR ANNE DORVAL


vendredi 12 septembre 2014


11 septembre 2014


Bien sûr...

Le monde a-t-il changé ? A-t-il changé de lui-même, naturellement, de par les interactions spontanées qui se mouvaient en lui ? Ou s’est-il transformé à coup de spin et de réécriture de l’histoire et de notre propre perception du monde, de la race humaine ou de nous-mêmes ?

« Free your mind ». Tel est le titre d’une vidéo sur YouTube (si quelque chose a changé …) qui montre Jupiter et le ciel qui l’entoure, en stopmotion le temps d’une nuit. Le message : comprenons que c’est la terre qui tourne comme un carrousel, nous montrant coup d’œil après coup d’œil un bout d’univers puis un autre. Voilà la réalité. Perdu dans 27 milliards d’années lumières d’espace connu (c’est un bien grand mot, il est plus inconnu que connu mais au moins on en a pris une mesure qui semble défendable, on verra …).

Pourtant, on contestera qu’il s’agit de la réalité, invoquant les réalités multiples, les univers parallèles ou je ne sais quoi d’autre. La réalité partagée et unique, celle que nous vivrions collectivement, génération après génération, base épistémologique de la science occidentale (la réalité objective existerait, est observable et répond à des lois qu’on peut trouver et comprendre), ne serait qu’une illusion. Ça peut sembler de la pensée d’avant-garde au milieu d’une soirée branchée (celles qui se terminent toujours de la même foutue manière …), mais en fait c’est une conception vieille comme le monde, bien ancrée dans la pensée orientale. Les occidentaux (brutaux, cartésiens et béats), dans leur perception (naïve et prétentieuse diront certains) d’un « ordre dans le monde » (voulu par un Créateur, ce fut longtemps le consensus …), se trouvaient naturellement à l’aise dans un univers à découvrir (voire à dominer), compréhensible si on s’y met. Et on s’y est mis.

Et Boole (système binaire) et Gutenberg (automatiser la production de contenu conceptuel) se sont mis à collaborer, à des siècles de distance, pour que j’en vienne à écrire ces mots sur un clavier avec pour résultat (réel il me semble) qu’ils se retrouvent accessibles (et compréhensibles je crois) par n’importe qui sur la planète. Car il y a des chinois et même des anglais qui comprennent le français, imaginez! et sinon, il y Google ou je ne sais quoi d’autre qui vous offrira une traduction automatique (et parfois bien rigolote, ça vaut l’expérience) de mes ruminations.

Et si la réalité objective et commune n’existe pas, qu’est-ce que je fais à écrire et que faites-vous à me lire, voulez-vous bien me le dire !? Whatever !

“Schizophrenia (/ˌskɪtsɵˈfrɛniə/ or /ˌskɪtsɵˈfriːniə/) is a mental disorder often characterized by abnormal social behavior and failure to recognize what is real. Common symptoms include false beliefs, unclear or confused thinking, auditory hallucinations, reduced social engagement and emotional expression, and inactivity. Diagnosis is based on observed behavior and the person's reported experiences.”

Merci Wikipedia ... autre manifestation en soi de ce présupposé que la réalité connaissable existe et que puisque nous partageons l’expérience d’une réalité commune il vaut la peine de communiquer la connaissance et la perception que nous en avons puisque qu’il s’agit d’un même objet (la réalité) et que nous pouvons nous partager l’entreprise de l’explorer, voire de la soumettre à nos aspirations collectives.

Et revoilà Françoise David, fille de riche s’il en est, qui n’a jamais mais jamais connu vraiment ce qu’est la disette, qui vient nous prêcher comme dans le Métropolis de Fritz Lang, qu’un avenir meilleur attend les masses laborieuses et que ça vaut la peine de lutter ensemble pour l’égalité pour partager, ensemble, une … nouvelle réalité. Celle, l’utopie QS, qu’elle voit dans sa tête, quand elle marche paisiblement dans la vaste nature qui entoure sa résidence secondaire dans le Nord de Montréal. Que de beaux rêves, que de méritoires soupirs produits avec les meilleures intentions du monde, ce serait digne d’un bon paquet d’indulgences.

À se demander parfois s’il s’est réellement passé quelque chose depuis le moyen-âge. C’est dire que le 11 septembre 2001 aura du chemin à faire pour changer vraiment notre société ou notre vision des choses. Mais encore une fois, l’utopie égalitaire (et ce n’est pas péjoratif) affronte le monde, rassurant pour certains, d’un totalitarisme où le désir d’efficacité et de sécurité collabore idiotement à la construction de dictatures. Le portes-tu ton casque de vélo, le prends-tu l’autobus écolo anti-changements climatiques (quelle farce monumentale !) ?

Dans le fond, vous commencez déjà à vous demander ce que vous mangerez pour dîner ou pour déjeuner demain. Vous posez un geste banal pour ne plus avoir trop chaud ou trop froid ou vous débarrasser d’un inconfort quelconque. Si vous avez des enfants, ils ne sont jamais loin de vos préoccupations et même s’ils ont 40 ans leur moindre soupir ou gémissement vous interpelle et vous engage. Vous souffrez de l’indifférence, voire de l’antagonisme de Pierre, Jean, Jacques ou Jacqueline, qui déforment vos propos, bloquent vos aspirations, vous refusent la reconnaissance légitime, que vous ayez ou non réussi à obtenir la clef de cette fameuse bicoque ou de cette BM dont vous parliez depuis un bail … et dont certains, qui ont la certitude d’être influents, croient qu’ils sont un privilège qu’on peut toujours vous enlever si vous ne jouez pas leur jeu. Rien n’est à vous, tout est à vous. Vous dépendez de tout le monde et tout le monde dépend de vous.

Réalité. En pleine face. Juste là.

3000 morts c’est beaucoup. Beaucoup de souffrance. Beaucoup de questionnement. Beaucoup de potentiel aussi, à manipuler comme dans « A date which will live in infamy… ». Le potentiel d’un coup de pied au cul qui va finir par faire bouger un groupe, un peuple, une nation que d’autres arguments n’avaient pas suffi à convaincre de mettre l’épaule à la roue, de changer ses perceptions, de changer.

« Never let a good crisis go to waste ! »

Oui, mais pour changer vraiment le monde, ça prend bien plus que cela.
 

jeudi 14 août 2014

Démagogie, propagande, militantisme et éthique


“L’éthique, ça n’existe pas! »

Voilà, le superbe commentaire que me faisait un post-doc. Vous savez ces gens qui non seulement ont des études post-graduées (réussies) derrière la cravate, mais qui, parce qu’ils en sont capables, alignent les certifications et les accomplissements académiques comme on collectionne les vieilles tasses ou les « pinnes » des Nordiques. C’est aussi le genre que vous voyez commenter l’actualité dans les médias « sérieux » (la SRC en est friande), parce qu’ils détiendraient un point de vue éclairé sur la situation considérée. Parce qu’ils ont écrits sur le sujet et que les pairs se sont contentés d’un regard (ou d’un silence) approbateur, ils ont passé le rite initiatique qui, il y a encore peu de temps, leur donnerait le droit de parole, exclusif, et le titre de personne articulée. Le fait qu’on vive en démocratie et que la voix de chacun devrait être entendue (pour reprendre le slogan d’un contre-média) n’allait pas freiner la détermination des chefs de pupitre orthodoxes qui ne vont porter attention à quoi que ce soit hors du catalogue imprimatur du « clergé », celui qui a repris la business de nous dire quoi penser. Appelez-les les intellos, la gang du Plateau, l’intelligentsia, ou les assidus des Loges, en gros l’élite qui ne se dit pas.


Mais, j’avoue avoir profondément apprécié le dit commentaire, entre autre parce qu’il provenait d’un type, des plus sympathiques et allumés, fouteur de merde hilarant et iconoclaste expert, qui avait, effrontément, tous les droits de le faire parce qu’il travaillait sur un ouvrage épistémologique sur la question.

Ouch !

Ça part mal une réflexion sur la démagogie qui pourrait se justifier sur des bases éthiques, bases qui viennent de s’envoler, flap, flap, flap, avec un air désabusé. La propagande et le militantisme, vous le voyez immédiatement, sont donc en plein naufrage sur l’océan de la légitimité : comment faire flotter cette mécanique.

Cette semaine du 11 août, réquisitionnée comme il se doit par le Gay Pride, les LGBTs at large, la théorie du genre et tout ce beau monde qui se contredisent en fait l’un l’autre en termes d’argumentaire mais qui sont solidaire CONTRE les vestiges de l’orthodoxie judéo-chrétienne et l’horrible et répugnant concept de la famille hétérosexuelle, commence, malheureusement du point de vue marketing et communication, par une incommode suite de décès, au regard du Québec, ilot nord-américain de plein droit. L’Abbé Raymond Gravel, Robin Williams, Laureen Bacall (nulle autre que Mme Humphrey Bogart / Casablanca, copine de Marylin (LA Marilyn), héroïne de la lutte contre le Maccarthysme), voire d’autres. 

Ah! Les méfaits de la pleine lune ou de je ne sais quoi : les grands titres seront malheureusement ouverts à autre chose qu’à cette célébration rigide et coordonnée de « la différence » telle qu’on veut nous la vendre. Mauvaise saison pour la propagande.

Mais comme diraient Cass Sunstein, Rahm Emanuel et Saul Alinsky (qui sont très loin d’être des imbéciles), « never let a good crisis go to waste ! »

Ça, tout de suite, ça nous fait entrer dans le merveilleux monde du “spin”, l’art par excellence de la fin du XXe siècle. Présenter les faits (oui, quand même) en soulignant ceux qui nourrissent une perception, un concept (réel ou artificiel, pas problème) et en ignorant les autres, systématiquement. Ce n’est pas mentir, on pourrait dire, mais c’est vendre sa salade, sans scrupules. Car la bonne foi vient de prendre le bord, pas à peu près. Mais, si l’éthique est un concept vide et sans effet réel, où prendre la motivation pour ne pas le faire. De toute façon, répondra-t-on, tout le monde le fait …

Et c’est fascinant, alors, de suivre les commentaires des célébrités qu’on invite à rappeler le souvenir des disparus. On a eu de tout, j’avoue, et pas toujours dans l’orthodoxie antichrétienne (car il faut toujours trouver moyen maganer le christianisme, de près ou de loin, l’air de rien pendant qu’on parle d’autres choses … stratégie fine, incontournable et incessante du train média/institutionnel). 

Dans le cas de l’Abbé Gravel, on a du payer un minimum de respect à l’Évangile et à la personne du Christ, en habit quasi-Guévariste, mais quand même. Mais, voilà, ce qu’il fallait retenir semble-t-il, c’était l’urgence de la mise en application de la loi 52, appuyée par Gravel, et en particulier (essentiellement) l’injection létale, pratiquement présentée comme salvatrice et fondatrice. Or, Raymond Gravel a bénéficié, pour son cancer, de soins palliatifs, que tous réclament d’abord avant toute autre modification à l’offre de soins de fin de vie. Il est mort en paix. L’injection létale n’aurait pas eu d’utilité, là comme dans la loi, on aurait pu l’oublier. Mais voilà, la mort de l’Abbé Gravel, qui pourrait être vue comme la démonstration de l’inutilité (ou de la non-pertinence éthique et pratique …) du combat pour l’injection létale et le suicide assisté, devenait, dans les hommages de Véronique Hivon (la mère de la loi 52) et de d’autres intervenants auxquels on donnait une large place dans la couverture médiatique, au contraire l’occasion de rappeler l’urgence de donner le droit aux médecins de tuer les gens. D’ailleurs, malgré les propos tonitruants de ceux qui sont censés les représenter (on se croirait dans les syndicats ouvriers), eux les médecins et le personnel qui affronte quotidiennement la mort et la souffrance, ils n’en veulent pas. Faites un vrai sondage, vous verrez.

Du spin, incapable de la moindre honte ou du moindre respect.

Autre aspect, bien que Raymond Gravel prêchait pour qu’on ne condamne pas froidement les homosexuels (en particulier) et qu’on ne leur refuse pas les soins de l’Église (un comportement qui ressemble à celui de Jésus dans bien des cas, si on veut bien le voir), il avait fait clairement le choix de laisser ce milieu pour devenir prêtre. Il avait beau dire que 50% des curés pratiquent l’homosexualité, lorsqu’il a décidé ce qu’il ferait de sa vie, ce n’est pas la doctrine du Gay Pride qu’il a choisi de défendre. Notable, il me semble. Pour lui Jésus avait plus de potentiel pour aider quelqu’un à se sentir bien dans sa peau. Son coming-out c’est pour l’Évangile qu’il l’a fait, pas pour autre chose, dans ce XXIe siècle. C’était la base de son éthique.

Tiens, en voilà une base à l’éthique, …

Mais, ça, trouvez ça quelque part dans le discours de rééducation collective qu’on nous sert.

On lui a trouvé aussi des qualités de militant, se tenant « debout » contre certains énoncés de son église, catholique. Je sais qu’il était loin de voir d’un bon œil la croissance du protestantisme, évangélique en particulier, au Québec. Le bercail c’est le catholicisme, mais il critiquait vertement le cardinal Ouellet et ses sbires. De toutes façons, on saluait son courage, son intégrité, un exemple de ce que le catholicisme devrait être, loin des terrifiantes influences de la droite (voire de Stephen Harper lui-même, le Lucifer, le Grand Satan). Intéressant.

Si on doit admirer l’intégrité et le courage de se tenir debout, il faudrait peut-être lever son chapeau, un peu, devant tous ces défenseurs de la famille traditionnelle ou des droits des parents, concepts honnis et réprouvés (persécutés), qui se battent contre le MELS et ECR. Ou encore que dire de ceux qui défendent le droit du fœtus, des individus qu’on qualifie d’anti-choix et d’oppresseurs des femmes automatiquement, sans accepter de considérer le moindre élément de leur argumentaire. Combien y en-a-t-il de ces individus, de ces groupes, qui défendent des points de vue qui ne recueillent pas l’approbation de l’intelligentsia, qui les emmerdent visiblement ? Il y en a pas mal, qu’on exécute virtuellement sur la place publique, quotidiennement, par les propos des fonctionnaires institutionnels, des « anchormen » de service, des profs ou des directeurs de thèse. Par leur attitude seulement ils nous font comprendre clairement ce qu’on doit penser, où est « notre intérêt » si on veut participer à la fête sociale, avoir notre part de bénéfice sans tracas inutiles. Quand l’affiche « APPLAUDISSEZ» s’élève au bout des bras du préposé, sur l’ordre du réalisateur du show, t’es aussi bien d’y mettre de la conviction parce que ton chèque de paye est en jeu. Point final.

Efficace.

Éthique ?

Bah ! Qui s’en soucie … ?