jeudi 4 décembre 2014

“Never let a good crisis go to waste” Rahm Emanuel


2014-12-04

Il y a beaucoup de souffrance dans ce monde. Une grande partie est causée par des actes humains, parfois pleinement volontaire, parfois sous une influence intérieure ou extérieure, parfois par pure maladresse, ignorance. Il n’en demeure que l’homme est le plus grand ennemi de l’homme. Pas la nature, pas les animaux dangereux, statistiquement, l’homme est le danger le plus menaçant durant les quelques 80 années de votre espérance de vie. Il faut quand même mentionner que si on considère une période plus longue (100 ans, 1000 ans, l’éternité …), là, la maladie et la mort sous toutes ses formes vont se manifester. Fait incontestable, questionnant, étrange et transcendant. Mais, hormis ce contexte de la maladie et de la mort à moyen ou long terme, l’humain est la pire menace dans le présent usuel.

Au Québec, il y a l’État de Droit. Rien n’est parfait, mais à 3hrs du matin, il y a très peu d’endroit sur tout notre territoire où vous puissiez être confronté à une menace probable et sérieuse. Il y a toujours un risque, mais reconnaissons qu’il est mineur, à l’échelle d’un individu. Cependant, à l’échelle des 8 millions d’habitants actuels du Québec et sur une période d’une année, il y aura des centaines, des milliers d’incidents malheureux, des milliers d’hommes et de femmes qui vont souffrir ou mourir.

Cet état de chose alimente une machine. La machine à produire des perceptions. Je dis la machine, mais en fait elle est constituée de plusieurs appareils ayant une certaine indépendance l’un vis-à-vis de l’autre. Parmi ces appareils il y a tout au centre les média, puis en périphérie les sphères de la connaissance (quasi gnose …) usuelle : éducation, université et autres institution du savoir, politique et activisme idéologique (dont les syndicats) et finalement l’appareil culturel (littérature, cinéma, musique, théâtre, …).

Je dis que cet état de chose alimente une machine parce qu’il peut être et est présenté comme une série de « crises ». Drame familial, polémiques, agressions armées, guerres, terrorismes, guérillas, accidents meurtriers, une suite traumatique de scènes d’un étrange téléroman, découpée serrée à la façon de ces films d’actions d’Hollywood qui ont fait école finalement. Nous entrons dans l’écran du cinéma pour participer au scénario de l’aventure, avec ses bons, ses méchants, ses héros et leur voyage initiatique, ses rédemptions et ses jugements. Cette « émission » devient un lieu que nous habitons et dont il ne faudrait jamais sortir. Un lieu de débat, de tension et de défis qu’on voudrait voir devenir l’essence même du parcours de notre vie (« the journey ») : comment réagirons-nous ? Serons-nous du bon coté de l’histoire ? Ce lieu, il nous entoure et nous avale, que nous soyons en train de déjeuner au resto en attendant un client, où au souper à la maison, en train de prendre une bière avec le voisin en refaisant son patio, dans notre esprit, nous sommes continuellement « branché ». Branché à la machine.

La machine nous alimente en nous « reformatant » l’actualité (la part du réel qu’elle veut rendre perceptible, effaçant du même coup de notre conscient tout ce qu’elle occulte et ne retransmet pas …) et en nous l’administrant à dose savamment définie, dans la parfaite confiance que notre « éducation » et notre « culture » provoquera en nous les effets escomptés. Nous sommes des animaux dressés, des chiens de Pavlov, qu’on fait saliver, brailler, jouir ou se révolter à demande. Si c’est voulu, ce pourrait être bien utile du moins à certains. Mais passons.

« Péladeau est, en effet, le principal responsable, avec la télévision bien sûr, des pressions exercées sur tout notre journalisme pour qu’il descende plus bas et toujours plus bas. Alors que les penseurs s’efforcent, par leurs travaux et leurs essais, de découvrir le sens des choses, le journalisme que pratique Péladeau abouti, au contraire, à évacuer toutes les questions qui porteraient sur la signification des événements. L’évènement selon Péladeau, c’est l’évènement sans logique, celui qui surgit capricieusement et contre lequel on ne saurait se prémunir, celui qui ne découle ni du mérite ni de l’erreur, celui qui n’a pas eu de préparation dans le journal de la veille et qui n’aura pas de suite dans le journal du lendemain. … Péladeau n’a pas inventé ce découpage du réel en tranches minces. Ce qu’on appelle le roman américain amène, en effet, l’évènement à se constituer en personnage essentiel. …Ce qui importe, c’est le fait. Que ce fait soit un accident de la circulation, le passage du « preacher », le viol de la fille de ferme, peu importe. … Il en résulte une atmosphère souvent étouffante, un climat d’écrasante fatalité.»
Laurent Laplante, Le vingt-quatre octobre, 1988

Voilà qui pourrait faire sourciller le bandwagon de PKP, mais étant donné mon « tirage », je doute causer le moindre émoi. La citation de Laplante parle bien sûr de Péladeau père, le fondateur de Québécor, pas de Pierre-Karl, mais le moins qu’on puisse dire c’est que le ton du « Journal de Montréal » et de ses co-média n’a pas vraiment changé. Le commentaire me semble pertinent. PKP, « le candidat de la machine », ça risquerait de troubler les eaux. Enfin.

Mais je m’égare. Mon propos, c’est d’attirer l’attention sur un mécanisme qui fait qu’on peut pratiquement créer des crises sur mesures, en les construisant avec des éléments du réel (faits) comme on ferait avec des blocs LEGO. Une crise bien constituée, bien située (les éléments du débat ayant été limités et contrôlés dès le départ), peut devenir un véhicule pour produire et/ou alimenter une « action collective ». La politique peut la récupérer et en faire le moteur de sa prochaine campagne. Si le moteur s’envole en fumée 3 mois après les élections, ça n’a pas d’importance. Si les acteurs de la crise, ennemis circonstanciels, deviennent par la suite des alliés militants, le seul problème est de trouver l’excuse, le prétexte, l’explication qui permettra de faire avaler le chameau au public.

La cible de ces « actions collectives » n’est peut-être pas présentée explicitement dans la définition (perception) de la crise construite, mais elle est la raison principale de l’investissement. Parfois, identifier clairement la cible d’une mécanique peut être contreproductif, du point de vue de ceux qui la manipule. Ça pourrait désamorcer le processus. Tout va bien tant que ça bouge dans la bonne direction, et c'est encore mieux si la populace ne saisit pas complètement (ou pas du tout) quelle est vraiment cette direction.

Des exemples ?

Hum ! Ça m’étonnerait qu’il n’y en ait pas déjà qui se manifestent dans votre esprit. Le printemps érable et les casseroles. Où sont les principaux protagonistes, dont 2 ont changé de camp de façon fort maladroite mais sans trop de dégât. Vous souvenez-vous du gouvernement de coalition qui voulait renverser les règles parlementaires et le gouvernement minoritaire de Harper ? Il n’y a pas si longtemps, on voulait renverser le gouvernement (majoritaire) de Harper pour avoir enfreint des règles parlementaires. Ceux qui portaient l’accusation étaient ceux qui étaient prêt à bafouer les mêmes règles ouvertement peu avant. Mon point : la crise n’a pas d’importance réelle et les motifs invoqués ne sont pas les vraies cibles de l’action.

Dernièrement, un blogger (humoriste auto-proclamé) a émis des propos peu raffinés sur sa perception d’un « personnalité » féminine. Cette dernière, bénéficiant des bonnes dispositions de la puissante secte TLMEPiste, a pu s’auto-victimiser (et se donner de l’importance, puisque plusieurs ignorait qui elle était) à la grand messe dominicale. L’erreur, je pense, a été de trop en mettre. Actrice et épouse d’acteur à succès ($), elle réclamait des « dommages exemplaires » de 300 000$ au blogger fauché parce qu’il avait eu la maladresse de la placer dans sa liste de phantasme sexuel. L’argent devait être donné pour des organismes (lesquels) luttant contre la violence faite aux femmes.

D’abord, il me semble que les phantasmes sexuels (violents, déshinibés) ont la côte, surtout dans ce milieu. Ils foisonnent dans le cinéma et la littérature intello à la mode (scènes de viols de mineurs qui durent 15 minutes) et on se fait classer comme un marginal paumé (et suspect) si on n’embarque pas religieusement dans la promotion de ce type « d’expression culturelle ». Mais voilà, le blogger y ajoutait une couleur qui mettait l’artiste en question sous accusation d’incohérence, voire d’hypocrisie. Ça s’est réglé, semble-t-il, par une humiliation publique (devinez où), avec période de rééducation forcée, étant donné que le gars ne pouvait pas verser 300 000$, jamais.

On nous en informe le jour (et pas trop loin dans les titres) où on « célèbre » l’anniversaire du « massacre de Polytechnique » par Marc Lépine. La cible du processus est-elle vraiment la protection des femmes ? Où est-ce plutôt … l’humiliation des hommes, dans la pure tradition féministe du « tout est la faute de l’homme, l’homme est l’ennemi, l’homme doit être subjugué, enchaîné, mis au pas, … domestiqué ».

Ce qui peut être intéressant ici, c’est que ma dernière phrase, ce questionnement, ne passerait jamais à travers les modérateurs de commentaires sur aucun des grands média du Québec. Tabou ! Pourtant, ce n’est qu’une question. Et dans le fond, la vraie question est : se pourrait-il qu’un évènement (dramatique) soit présenté d’une façon incomplète et manipulé sciemment, sans scrupules, pour d’autres fins ?

Je vais vous choquer encore plus.

Le motif par lequel on provoque ici (drame de Polytechnique) la réaction du public est la « violence faite aux femmes ». Il s’agit d’une réalité, inadmissible à mon sens, contre laquelle il est tout à fait légitime de prendre action. Soit. Mais, dans le cas de Polytechnique, il y a d’autres aspects évidents si on s’est renseigné un peu sur le cas de Marc Lépine : difficulté d’intégration de membres de d’autres cultures (le cas récent de Michael Zehaf-Bibeau peut être évoqué), en particulier de l’influence de l’Islam (Zehaf-Bibeau aussi), la question du décrochage scolaire et d’un environnement (au secondaire surtout) qui favoriserait les filles, la question des programmes et des règles qui favorisent certains groupes sociaux et les femmes, la question du chômage chez les jeunes et des opportunités de réussites (plus réduites désormais) pour les jeunes hommes dans la société actuelle, la question de l’émancipation féminine (est-ce que tous ses objectifs sont atteints, étaient-ils légitimes, les femmes elles-mêmes peuvent-elles les réévaluer sans qu’on crie à la régression sociale, etc. « Au-delà du 6 décembre » de Catherine Fol avait suscité une véritable folie inquisitrice de la part des puissances féministes. On hurlait à la trahison (et à la punition exemplaire, comme celle du Blogger grivois), on demandait à ces jeunes femmes de cesser de questionner l’encyclique officielle et les dogmes émis par l'establishment féministe quant à la perception à avoir de cet évènement. Pourquoi ?

Moi je dis, Polytechnique était devenu une crise manipulée et une des victimes réelles refusait de jouer le jeu. Alors, sa souffrance (vraie), on s’en balançait, il fallait atteindre la cible, culpabiliser les hommes et faire des gains sociaux, au prix du sang de 14 jeunes femmes et des souffrances des survivantes. Voilà ce qu’est une crise manipulée.

Quant au motif, la « violence faite aux femmes », il est bien sûr mobilisateur, à juste titre. Mais que diriez-vous de vous mobiliser autour de la « violence faite par les femmes » ("souffrance causée par les femmes") ?

Là, avouez, vous êtes prêts à m'envoyer au bucher. Je vais trop loin. Vraiment ?

Et d’ailleurs, est-ce que ça existe ? De quoi est-ce que je parle ?

Vous êtes furieux parce que vous savez où je m’en vais.

Le féminisme fait la promotion d’un accès sans aucune restrictions à l’avortement. Or, de plus en plus de gens (et de jeunes), et c’est logique et irrémédiable selon moi, questionnent l’avortement tardif. Tout simplement parce qu’on SAIT que l’enfant (oui, l’enfant) qu’on tue souffre. Je ne saurais parler de l’avortement précoce, à un moment où je ne sais pas ce qu’il en est du système nerveux de l’enfant, de son état de conscience, de son être. Peut-être quelqu’un pourrait me renseigner là-dessus. Où en sont les connaissances ? Mais pour ce qui est d’un bébé de 6, 7, 8 ou 9 mois, pour avoir eu un enfant prématuré et l’avoir tenu dans mes bras (après qu’il ait lutté pour sa vie pendant des heures durant un accouchement extrêmement difficile), je ne peux plus croire qu’il s’agit d’un morceau de viande ou même d’une partie du « corps de la mère ». Je suis parfaitement d’accord pour que les femmes aient autorité entière et incontestable sur leur corps et leur capacité reproductive. Mais, ce bébé dans leur ventre, ce n’est pas leur corps, c’est déjà celui d’un autre.

Donc, des femmes, les féministes extrémistes (enragées et insatiables), tiennent un discours violent, intolérant et, à mon sens, cruel. Rien ne les fait se remettre en question. Rien ne les atteint. Il n’y a pas encore assez de cadavres d’enfants avortés pour que leur conscience en soit le moindrement émue.

Alors, les propos de ce Blogger maladroit constituent un fait, questionnable, et on en a fait une crise utile. Mais l’agonie et la mort, à une cadence industrielle, de tous ces petits êtres, bien qu’elles constituent des fait, horribles et terrifiants, ne constituent pas une crise. Ils souffrent et meurent en silence, sans affecter d’un atome le mur stupéfiant de notre indifférence.

S’il faut qu’il y ait un Dieu, qui ne lit pas ce que PKP nous cuisine, où voit-il la crise ? Comment réagira-t-il ?

Si ça ne provoque pas une crise existentielle en nous, que notre cœur est dur !

« Il n’y a point de juste, Pas même un seul ;Nul n’est intelligent, Nul ne cherche Dieu ; Tous sont égarés, tous sont pervertis ; (3-12) Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul ; Leur gosier est un sépulcre ouvert ; Ils se servent de leurs langues pour tromper ; Ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; Ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; La destruction et le malheur sont sur leur route ;Ils ne connaissent pas le chemin de la paix ;La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »
Romains 3 :10-18










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